lundi 27 octobre 2014

Philippe Cauvin à Cenon : le Sage qui parle à sa guitare


Cela fait une bonne quinzaine d'années que le guitariste girondin ne s'était plus produit en "solo". Certes, durant toutes ces années, on a pu le voir jouer au sein du Philippe Cauvin Except, en trio, avec Pascale Martinez au vibraphone et Jean-Luc Bret à la batterie. Pendant ce temps là, il a aussi  "supervisé" la carrière de son fils Thibault, concertiste classique à la renommée internationale, ainsi que les premiers pas de son second fils, Jordan, plus versé dans le jazz. Car chez les Cauvin, la musique est une histoire familiale...

Si la sortie de Voie Nacrée, en début d'année, marquait son retour discographique, en livrant quelques réponses aux légitimes interrogations de son public, il manquait l'étape scénique pour savoir exactement où en était désormais le compositeur, même si l'entretien exclusif publié ici donnait quelques clefs...

C'est devant un Rocher de Palmer honorablement garni que s'est présenté le guitariste, visiblement intimidé, sur une scène qui semblait alors bien vaste. Philippe Cauvin s'est alors lancé dans un long set de plus d'une heure, sans interruption. Si la recherche de la virtuosité n'est plus son chemin, l'engagement reste le même, impressionnant et total. Le compositeur s'est affranchi de bien des repères, en une profonde quête de l'indicible sonore d'un nouveau vocabulaire musical. L'improvisation est constamment présente et la prise de risque maximale. Les mélodies suggérées, le plus souvent par le chant, s'effacent pour des séquences d'explorations sonores que ne renieraient pas un Fred Frith ou un Keith Row acoustiques, dans un monde où l'homme et sa guitare se parlent, s'affrontent, s'unissent...

Philippe Cauvin a coupé bien des amarres, laissant de côté le rock d'où il venait à l'origine, le jazz (avec lequel il flirta parfois), pour ce qu'il convient d'appeler, faute de mieux (!), une musique contemporaine pour guitare et voix. Si l'intention est belle, pure et sincère, on a cependant eu, parfois, le sentiment que le musicien risquait de perdre quelques auditeurs sur le bord de sa voie à force de cassures, de ruptures de climat, de séquences "bruitistes"... Sans doute est-ce ici une affaire de dosage (ce n'était que le tout premier concert avec cette nouvelle musique), et le "rappel" semblait proposer, ce soir là, quelques clefs mélodiques propres à ouvrir le chemin d'un parcours musical et humain hautement estimable et hors du commun. Un cheminement intérieur que l'on a hâte de pouvoir suivre avec passion, avis aux organisateurs ! (RIO ? Triton ?...)



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire